Dossier d’œuvre architecture IA09010082 | Réalisé par
  • patrimoine industriel
usine textile SOTAP-Carol, site de Montferrier
Œuvre repérée
Copyright
  • (c) Inventaire général Région Occitanie
  • (c) Pays des Pyrénées cathares

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Ariège
  • Commune Montferrier
  • Cadastre 2020 A1331 à 1333, 3180, 3577 à 3580, 3583, 3585, 3589, 3678, 3679, 3899, 3900, 3923, 3924
  • Dénominations
    usine d'apprêt des étoffes, usine de teinturerie, usine d'impression sur étoffes
  • Appellations
    dite SOTAP-Carol, site de Montferrier

En 1837, François Casimir Figarol et Jean Laffont, de Montferrier, et Bernard Delmas, de Lavelanet, exposent la demande d'implantation d'une « mécanique pour la filature des laines » et d'une « foulerie à trois auges » devant être alimentées par un canal (AD 09, 7S 495). Après ajustements, la demande est satisfaite et l'usine est installée. Sur le plan du Touyre de 1895 (7S 435), c'est une « filature du sieur Garrigou » qui est mentionnée. A partir de 1916, c'est la société coopérative La Prévoyante qui en est propriétaire, ayant acquis les lieux de plusieurs propriétaires comprenant le filateur Garrigues, dit Garrigou. Par décret en date du 24 décembre 1919, l'entreprise est rangée dans la 3e classe des établissements industriels. Marius Carol, qui a débuté son activité comme tisserand à Villeneuve-d'Olmes en 1907, s'installe entre 1926 et 1929 à Montferrier, et rachète au tisserand lavelanétien François Bonnet, mandataire, les bâtiments de La Prévoyante pour y développer les apprêts et le lavage de laine. Cet achat exclut la chute d'eau, l'atelier de teinture, un garage et un hangar, issus d'un autre apport. M. Carol est associé à Louis Clanet, son gendre, époux de sa fille Marie Carol, lequel apporte une automobile et une somme d'argent. Le 28 mars 1947, Marius Carol dépose les statuts de sa nouvelle société qui s'établit sur le site, spécialisée dans l'ennoblissement du tissu.

En 1949, il est procédé à une première augmentation de capital : Marius Carol et Louis Clanet se partagent les 5 350 parts, le premier en détenant 4 850. En 1951, un réservoir à mazout de 30 000 litres de capacité est installé. Il alimente le brûleur de la chaudière à vapeur haute pression. L'usine comprend aussi une activité de teinture, initialement limitée aux teintures basiques de l'époque (noir, marron, bleu marine). C'est vers 1955 qu'à l'initiative d'Henri Clanet, l'entreprise commence à apprêter des étoffes maille (tricot), notamment pour les sièges de la Citroën DS en polyamide et rovyl rétractant. Deux nouvelles augmentation de capital sont réalisées en 1959 (Marius Carol détient alors 2 935 des 5 000 parts, et L. Clanet le reste) et 1961. A cette époque, Marius Carol, Marie Carol veuve de M. Clanet, et les filles de ces derniers Marie-Thérèse et Evelyne Clanet sont les associés de l'entreprise. Les époux de celles-ci, André Pouchodon et Henri Maurette, ainsi que Tommy Royaerts, beau-frère de Marie Carol à la tête de la Société ariégeoise de bonneterie établie tout près (IA09004149) deviennent associés lorsque le 31 mai 1963, l'entreprise devient société anonyme. Marius et Marie Carol passent du statut d'associés-gérants à celui d'administrateurs, aux côtés d'André Pouchodon. L'objet de la société Ets Marius Carol & Cie est alors « apprêts, guttages [ndla : thermocollage] et teinture d'étoffes ». Marius Carol demeure le principal détenteur de parts. Au début des années 1960, les activités concernent « teinture et apprêts à façon des draps cardés et des tissés et tricotés en fibres synthétiques » ; à cette époque, l'entreprise travaille exclusivement en France, et sans carnet de commandes puisqu'elle opère à façon, en sous-traitance pour le compte de ses clients.

Sous l'égide d'André Pouchodon, le travail sur la maille plutôt que sur le cardé, alors en crise car soumis à la concurrence italienne et à l'essor de la laine peignée, s'amplifie dans les années 1960. La société profite de la vacance des locaux de l'ancienne usine Ricalens de Laroque-d'Olmes (IA09010076) pour y installer en 1963, sur plus de 4 000 mètres carrés, une unité de teinture de fibres synthétiques. Cette nouvelle activité est notamment justifiée par la proximité de la Société ariégeoise de bonneterie, dont l'usine principale est à Montferrier et qui s'installe dans une autre partie de l'usine Ricalens à Laroque. Le site laroquais se charge de la teinture et des apprêts de tissu maille reçus écrus (sans teinture), tandis que le siège social, la recherche développement et les teintures classiques demeurent à Montferrier. La proximité de la SAB et de l'entreprise Carol à Laroque facilite les collaborations, la seconde teignant et finissant nombre de pièces de la première. L'octroi d'une prime d'État pour l'installation à Laroque est toutefois conditionné à l'emploi de 25 salariés supplémentaires en 1964. L'unité de Laroque constitue l'occasion de créer une filiale de la société Carol, l'entreprise SOTAP (Société de teintures et apprêts des Pyrénées).

Le 1er janvier 1975, la société de Marius Carol et sa filiale SOTAP se fondent dans une nouvelle entreprise dite SOTAP-Carol, même si dès la fin des années 1960, les deux sociétés communiquent déjà de façon conjointe. La nouvelle entité de teintures et apprêts compte au maximum de son activité trois unités de production, à Montferrier et Laroque-d'Olmes, puis Villeneuve-d'Olmes (IA09005103).£L'entreprise connaît son essor dans la deuxième moitié du 20ème siècle, devenant leader européen de l'ennoblissement des textiles maille et du sous-vêtement et lingerie fine, comptant parmi ses clients Eminence et les Tricots Saint-Joseph en premier lieu, puis Dim, Athena, Chantal Thomass. Avec Eminence, la SOTAP-Carol développe de nouveaux produits (maille coton mélangée ou pur synthétique, rilsan élastique) par le biais de nouvelles actions de traitement (thermofixation). Pour Saint-Joseph est mis au point un produit élastique 40% laine 60% polyester, qui permet notamment la confection de costumes aux Etats-Unis. L'entreprise poursuit aussi son travail sur le tissé chaîne et trame, notamment pour la société Deveaux de Roanne, et met au point une technique de mercerisage du coton pour Dim. La gamme s'étend ensuite vers habillement sport et loisirs, velours, molletons, tissus militaires. En août 1982, un incendie précipite le départ de la SAB de son site laroquais ; dès lors, la SOTAP investit l'ensemble de cette usine. Dans les années 1980 et 1990, l'usine de Montferrier subit quelques agrandissements modérés. En 1987, l'entreprise engage un processus de diversification (teinture des articles confectionnés, impression tubulaire, tissus chaîne et trame). En 1989, elle acquiert une nouvelle unité d'apprêts de draperies, de tissus laine cardée et peignée. Dans les années 1990, le site de Montferrier concentre le siège social et le service commercial, tandis que les sites de Laroque et Villeneuve (IA09005103), acquis en 1989, se chargent de la production. En 1992 est mis en place un atelier d'impression à 12 couleurs sur tissus maille et chaîne et trame, à Villeneuve. En 1995 se développe une activité de lingerie et balnéaire. De nouveaux partenariats sont établis avec Décathlon, avec un client français sur des produits militaires. Un projet d'investissement sur une unité au Maroc n'aboutit pas correctement.

La situation économique de l'entreprise se tend par la suite : une grève importante est déclenchée en 2005. La SOTAP se retire à son tour du site de Laroque, probablement au début des années 2000. A cette époque, la SOTAP-Carol maintient son activité de sous-traitant pour les grandes marques de lingerie et prêt-à-porter, façonnant essentiellement pour des donneurs d’ordres de la région lyonnaise. Les dirigeants entament un processus de modernisation et de diversification en renouvelant le matériel et en s'engageant de plus en plus fortement sur le créneau de l'impression. Un plan social est lancé en 2008, qui dans un contexte de baisse de commandes et d'obsolescence progressive du matériel, voit 30 des 119 emplois supprimés. En 2011, les deux tiers du chiffre d'affaires sont réalisés avec l'habillement (Promod, Camaïeu, Cache-Cache), le reste se répartissant entre la lingerie-corsetterie (Eminence, Etam) et les nouveaux produits à forte valeur ajoutée (camouflage et réflectants infra-rouge pour l'Armée de terre). Ce dernier marché est finalement annulé, ce qui précipite de nouvelles difficultés. En 2012, la situation se tend à nouveau, et la SOTAP est placée en liquidation judiciaire en décembre. L'entreprise est en attente d'un repreneur ; un projet de reprise est esquissé puis retiré en février. Après quelques atermoiements, et en dépit d'un soutien annoncé de l'État à tout repreneur, la liquidation et la cessation d'activités sont prononcées par le tribunal de commerce de Foix le 18 mars 2013, signifiant le licenciement des 88 salariés, puis la vente aux enchères des machines début 2014. Une partie des locaux demeure en friche ; une autre est occupée par une entreprise de fabrication de charpente en bois.

Les Ets Marius Carol emploient 53 personnes en 1962. L'entreprise emploie 224 salariés en 1983, 152 en 1983, et un total d'environ 320 personnes à son maximum dans les années 1980, époque à laquelle sont produits 100 000 mètres par jour. De 2001 à 2006, les effectifs passent de 230 à 160 personnes. En 2008, on compte 119 emplois. Ils sont 88 à la fermeture en 2013.

  • Période(s)
    • Principale : 19e siècle
    • Secondaire : 4e quart 20e siècle
  • Dates
    • 1837, date portée
    • 1982, daté par travaux historiques
    • 1988, daté par travaux historiques
    • 1990, daté par travaux historiques
    • 1991, daté par travaux historiques
    • 1992, daté par travaux historiques
  • Statut de la propriété
    propriété privée (incertitude)

Documents d'archives

  • revue Lavelanet et le pays d'Olmes, 1975

    Mairie de Lavelanet : non coté
  • Archives départementales de l'Ariège :7S495 (prise d'eau pour établissement industriel Lafont-Figarol-Delmas, 1837-1853),

    AD Ariège : 7S495
  • Document de communication SOTAP CAROL, "Matières, dessins, couleurs", 2003.

    AD Ariège
  • AD Ariège, côte 7S435 (plan des industries du Touyre, 1895).

    AD Ariège : 7S435
  • Archives départementales de l'Ariège : 123w41 (statuts Etablissements Maris Carol et Cie, 1947-1963),

    AD Ariège : 123w41
  • Archives départementales de l'Ariège : 482w131 (demande d'installation de réservoir à mazout, 1951).

    AD Ariège : 482w131
  • Archives départementales de l'Ariège : 533w15-80-128-143 (permis de construire)

    AD Ariège : 533w15-80-128-143
  • Archives départementales de l'Ariège : 681w146 (déclaration d'établissement classé, 1961-1976),

    AD Ariège : 533w15-80-128-143
  • Archives départementales de l'Ariège : 705w115 (notes sur l'historique).

    AD Ariège : 705w11
  • Données orales : André et Marie-Thérèse Pouchodon, Victor Lamego.

  • Effectifs des entreprises textiles du pays d'Omes, 1983-1984 (doc. R. Librero).

    AD Ariège
  • Attestation de propriété cabinet Brenac, 2013.

Bibliographie

  • Revue Lavelanet et le pays d'Olmes, années 1962 à 1970

    Mairie de Lavelanet : non coté

Périodiques

  • La Dépêche du midi : "Une centaine de salariés en grève" (14 octobre 2005) ; "Industrie textile, rebondir ou mourir" (26 janvier 2006) ; "30 emplois supprimés à la Sotap-Carol" (19 septembre 2008) ; "SOTAP-Carol, vers la fin de l'entreprise familiale ?" (3 décembre 2012) ; "Textile, la SOTAP-Carol dans l'attente d'un repreneur" (5 février 2013) ; "Sotap-Carol le repreneur se désiste en dernière minute" (7 mars 2013) ; "Filature de Dreuilhe et SOTAP-Carol même combat" (16 février 2013) ; "La liquidation de la Sotap-Carol repoussée" (12 mars 2013) ; "Sotap-Carol à Montferrier, le blocage des salariés pour sauver les meubles" (15 mars 2013) ; "Sotap-Carol : 88 salariés du textile licenciés" (19 mars 2013) ; "Sotap Carol, la lutte continue" (15 avril 2013) ; "SOTAP-Carol c'est fini" (4 janvier 2014) ; "Le rideau tombe chez SOTAP-Carol" (13 janvier 2014) ; "L'entreprise de textile Sotap-Carol vendue aux enchères" (15 janvier 2014) ; "Le département accompagne le projet d'implantation de l'entreprise Av.Co. Prod" (7 juillet 2018).

Date(s) d'enquête : 2018; Date(s) de rédaction : 2018
(c) Inventaire général Région Occitanie
(c) Pays des Pyrénées cathares