Dossier d’œuvre architecture IA66003415 | Réalisé par
  • inventaire préliminaire
ancienne forge à la catalane
Œuvre repérée
Copyright
  • (c) Inventaire général Région Occitanie
  • (c) Communauté de communes Conflent Canigó

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Vinça - Le Canigou
  • Commune Estoher
  • Lieu-dit la Farga de la molina
  • Cadastre 1831 B3  ; 2019 B03 254

La forge de Llech est mentionnée vers 1431 en tant que possession de l’abbaye de Saint-Michel-de-Cuxa (IZARD Véronique, 1994, p.119) dont le rayonnement sur le Conflent témoigne de l’importance de sa richesse. De plus, le sacristain de l’abbaye, Blasc Amalrich, évoque dans un document de 1465 la mise en demeure du fermier de la forge, afin qu’il paye « sept quintaux de fer » dus à l’abbaye.£Au XVIe siècle, la forge de Llech semble affermée par Michel Brenuch à un marchand génois du nom de Baptiste Gentil , qui possédait plusieurs forges dans les Pyrénées-Orientales. Elle est également mentionnée en 1633, avec l’achat par le forgeron de deux ânes qui appartenaient à des paysans de Joch et de Sahorle.Cette forge est mentionnée sous les termes « molina del Lech » (XVe), « moline de Lec » (1514) et « fargue de Lech » (1633)£Selon la cartographie des moulines et forges dans le Conflent réalisée par Véronique Izard, il semblerait que l’activité de la forge ait été suspendue au XVIIIe siècle, période de crise pour les forges, dont la production de fer est fragilisée par l’augmentation du prix des matières premières et par le manque d’ouvriers. Elle reprend toutefois son activité au XIXe siècle, mentionnées dans les textes sous plusieurs noms ; forge de Los Masos, forge de Mitja-Ribera ou forge d’Estoher. Il semblerait que cette forge ait fermé pendant un certain temps, puisqu’il est question en 1820 d’implanter une forge à la catalane au lieu-dit Mitja-Ribera (donc de reconstruire ?) ; sa localisation est précisée au niveau de la jonction entre les ravins del Salze et de Prat Cabrera, telle qu’elle se présente actuellement et sur le cadastre napoléonien. L’autorisation d’implantation fut accordée à Jean Pons, le maître de forges .£Alors que de nombreuses forges ferment à la fin du XIXe siècle à cause de la hausse du prix du transport par chemin de fer et de l’apparition de nouveaux dispositifs de transformation du minerai de fer (hauts-fourneaux de Ria par exemple), la forge de Llech est l’une des seules encore en fonctionnement en 1865 dans le Conflent, au côté de celle de Nyer.£La forge de Llech était comprise dans la concession du site minier de la Pinosa (1500 m d’altitude) à Valmanya. Le témoignage d’un ancien habitant de Valmanya en 1995 indique la lourde charge que portaient les femmes à l’époque, notamment des mines jusqu’aux forges. Les conditions de marches étaient rudes ; Josephine Andrieu appelée « Fina Vella » était l’une de ses femmes, qui devait partir de Valmanya pour les mines de la Pinouse. Une fois aux mines, elle repartait en direction de la forge du Llech chargée d’une carga, un sac de minerai pesant plus de quarante kilos pour qu’il y soit traité. Pour sept heures de marche, elle était seulement payée un franc. Ce témoignage donne un aperçu de la rudesse de vie à l’époque, où l’exploitation du minerai s’effectuait de manière artisanale. Elle ferma vers 1890, en même temps que celle de Baillestavy à l’Est du territoire d’Estoher (Le fil du Fer, 2015).

  • Période(s)
    • Principale : Fin du Moyen Age
    • Principale : 19e siècle

La forge de Llech (emplacement indiquée sur le cadastre napoléonien) située au confluent des correcs (ravins) del Salze et de Prat Cabrera, fonctionnait au côté d’'un moulin à farine. L'’eau des ruisseaux del Prat Cabrera et del Salze reliés à la rivière du Llech, permettait d’'actionner mécaniquement la forge et le moulin, situés en plein cœoeur de la forêt du massif du Canigou. Le fer ainsi traité était ensuite acheminé jusqu'’au village de Seners, par des câbles transporteurs qui permettaient de descendre et de monter des wagonnets.

La forge a été construite selon le modèle de la forge dite « catalane ». Pourtant, la visite de l'’Inspecteur des mines en 1822 démontre que le modèle ne semble pas correspondre à celui de la forge catalane. En effet, ce dernier modèle pouvait produire jusqu'’à 40 quintaux métriques de fer par semaine, et celle de Llech ne pouvait en produire que 25. Toutefois, le procédé de réduction directe du minerai de fer qui était employé à Llech, est caractéristique des forges catalanes du Conflent (VERNA. Catherine. Le temps des moulines, 2001, p.1). Le fer était obtenu dans un fourneau alimenté au charbon de bois, encore visible, comme l'l’illustre le plan de la forge de 1820, conservé aux archives nationales de Pierrefitte-sur-Seine. Il s'’agit d’un petit foyer à arc surbaissé, qui nécessitait plusieurs opérations de retrait du fer pour la transformation du massé (loupe de fer constitué d’'une masse ferreuse produite dans le foyer de la forge), entrainant une déperdition importante. Afin de bénéficier de suffisamment d’'air pour la combustion, une machine soufflante appelée « trompe » était installée à l'’arrière du fourneau. La loupe était par la suite transformée en un bloc de métal pour l'’obtention d'’une forme géométrique, par l’'opération de cinglage (martelage), grâce à un marteau. Ce dernier était actionné à l’'aide d’'une roue hydraulique à aubes verticale, à axe horizontal. Il s’'agit d’'un mécanisme principalement utilisé par les forges à la catalane, repris de la technique employée par les moulins à eau. L’'eau qui approvisionnait le site provenait d’'une resclosa (prise d’eau), reliée aux ruisseaux cités plus haut. Elle alimentait un réservoir, qui surplombait la forge. L'’état actuel ne semble pas totalement correspondre au profil de la forge dessiné sur le plan de 1820, puisque le canal parait positionné à l’'emplacement du réservoir.

Si la forge de Llech a principalement été utilisée pour la réduction du minerai, il est probable qu’'il ait été acheminé au hameau de Seners pour y être retravaillé dans une forge d'’épuration. Ce dernier type de forge permettait de fabriquer toutes sortes d'’objets, notamment des outils.

Le bâtiment de la forge reste encore visible dans le paysage, malgré son état de ruine. Les murs porteurs de la forge sont pour la plupart encore en élévation, malgré la disparition complète de la toiture, qui était constituée de tuiles canal. Certaines ouvertures sont voûtées en arc légèrement outrepassé, qui était maintenu sous le linteau par une planche de bois. Si le linteau est le plus souvent constitué de pierres de schiste taillées en rang, le reste du bâti dispose de moellons à joints secs de granit et de pierres roulées de granit. Certains murs sont partiellement enduits, dont la présence est probablement liée à des rénovations ponctuelles dans le temps. Des scories de fer ont par ailleurs été placées sur les zones enduites.

  • Murs
    • schiste
    • granite
    • enduit
  • Toits
    tuile
  • Énergies
    • énergie hydraulique
  • État de conservation
    vestiges

Champs annexes au dossier - Architecture

  • NOTB_G PIZARD. Véronique. Cartographie successive des entreprises métallurgiques dans les Pyrénées nord-catalanes ; support préliminaire à l’étude éco-historique des forêts charbonnées. In : Archéologie du Midi Médiéval [en ligne] Tome 12. 1994, p 119£Association Les amis de la route du fer. Le fil du Fer. Numéro 17. Baillestavy. 2015£VERNA. Catherine. Le temps des moulines. Fer, technique et société dans les Pyrénées centrales (XIIIe-XVIe siècles) [en ligne] Éditions de la Sorbonne, Coll. Histoire ancienne et médiévale. 2001, p 1.£ROSENSTEIN Jean-Marie. Revue Conflent. Les moulins en Conflent. 1989, p 9.
  • NOTB_S Archives départementales des Pyrénées-Orientales: séries 1B408, f°149v / 1B419, f°150r / 3 E19/319.
  • APPA
  • APRO
  • ARCHEO
  • AVIS
  • CCOM
  • CHARP
  • CHARPP
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  • COORMLB93
  • COORMWGS84
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  • ETACT
  • FEN
  • FEN2
  • FENP
  • INTER
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  • TAILLP
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  • VALID accessible au grand public ; non validée
  • VISI
  • VISIB
  • VOIR_AUSSI
  • WCOM
  • IMP R_20221220_02
  • Statut de la propriété
    propriété privée (incertitude)
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • cadastre ancien de 1831

    Archives départementales des Pyrénées-Orientales : 15NUM1024W73/B3
Date(s) d'enquête : 2019; Date(s) de rédaction : 2019
(c) Communauté de communes Conflent Canigó
(c) Inventaire général Région Occitanie